Gestion des cas de victimes et survivantes des violences basées sur le genre

Les multiples crises politico-militaires connues en RCA ont provoqué beaucoup de
conséquences néfastes sur la population centrafricaine en générale et sur les femmes et les
jeunes filles en particulier. Les plus graves parmi ces conséquences sont les violences basées
sur le genre dont sont victimes les femmes et les jeunes filles à travers tout le pays.
En effet, les rapports de 2022 (GBVIMS) indiquent que 11,717 cas de VBG ont été
enregistrés au cours du deuxième trimestre de 2022, ce qui est déjà plus que le total signalé
pour toute l’année de 2021 (11,592). La majorité (21 %) des cas de VBG signalés au cours du
premier trimestre 2022 étaient des violences physiques. Le mariage (forcé et précoce) des
enfants avant l’âge de 15 ans est estimé a 23,6 % pour les femmes et 5,2 % pour les hommes
et le taux de mutilations génitales féminines est de 21,6 % (MICS6).
Dans le but d’apporter de l’assistance aux victimes des violences basées sur le genre (VBG),
l’ONG AUDEC a mis en place une unité dédiée aux VBG qui se charge de mettre en œuvre
le programme de prevention des VBG par la sensibilisation communautaire ainsi que le
système de gestion des cas qui permet d’aider les victimes et les survivantes afin qu’ils soient
correctement assistés et orientés en temps utile et en fonction des cas.

Objectifs et Resultats attendus

L’objectif consiste à mettre en œuvre un programme permettant d’atténuer les risques de la
violence basée sur genre à travers des activités de sensibilisation communautaire et de porter
assistance aux victimes et survivantes à travers une prise en charge holistique, en étroite
collaborations avec d’autres organisations partenaires.

Les résultats attendus:

Un mécanisme efficace et efficient de prise en charge holistique des victimes et survivantes
de VBG est opérationnel au niveau de l’ONG AUDEC, en partenariat avec d’autres
organisations

Méthodologies

La méthodologie appliquée pour la gestion des cas de Violence Basée sur Genre par l’ONG
AUDEC afin d’obtenir un résultat positif de l’atténuation des risques de VBG consiste à :

  • Signer des mémorandums d’ententes avec d’autres organisations impliquées dans la prise en charge des victimes (prise en charge juridique, médicale et autres) ;
  • Sensibiliser les communautés et afficher les messages clés y compris les contacts de l’ONG AUDEC pour la dénonciation des cas de VBG ;
  • Faire de l’accueil chaleureux pour les victimes et survivantes;
  • Ecouter activement et respectueusement les victimes et survivantes ;
  • Echanger avec les victimes sans porter de jugement ;
  • Confidentialiser les données partagées par les victimes ;
  • Monter les dossiers d’écoute et de référencement ;
  • Orienter les victimes vers nos partenaires de prise en charges holistiques ;
  • Faire le suivi du dossier ;
  • Rendre compte à la coordination ;
  • Archiver les dossiers des cas de VBG traités.



Le tableau ci-dessous fait le point sur la situation des cas déjà traites durant les deux derniers
mois (aout et septembre 2022)

Etat des cas de victimes de VBG déjà traités au niveau de l’ONG AUDEC.

NoType de casDescription du casActions menées par AUDECRésultats atteints
1Garde
(protection)
de l’enfant
Une jeune fille actuellement âgée de 8 ans est née d’une famille
en situation de concubinage. A l’âge de 2 ans, le père a quitté le
domicile familial pour aller vivre avec une autre femme. La mère
a aussi regagné un autre homme. Ne pouvant pas rester ni chez
son père ni chez sa mère, et de commun accord entre les parents
de la jeune fille, c’est à sa grand-mère paternelle (tante à son
père) qu’est confiée la garde de l’enfant. Il y a deux ans, la mère
de l’enfant est venue récupérer sa fille chez la grand-mère, soi-
disant pour quelques jours de vacances. Plus-tard et ne voyant
pas l’enfant lui être remise, la grand-mère apprendra que l’enfant
n’est ni chez sa mère ni chez son père mais plutôt chez sa tante
maternelle (petite sœur de sa mère). Elle est allée la visiter et
apprendra qu’elle est maltraitée, qu’elle n’est pas à l’aise dans
cette nouvelle famille d’accueil. L’enfant le lui a signifiée
clairement et l’a même suppliée de partir avec elle mais la
nouvelle famille d’accueil a catégoriquement refusé. Des
négociations ont été alors initiées pour trouver une voie de sortie
pour le bien de l’enfant mais n’ont abouti à aucun résultat.
C’est ainsi que la grand-mère a pris l’initiative de contacter
l’ONG AUDEC pour les aider à trouver une issue favorable pour
la protection de l’enfant.
La tante a bénéficié d’une écoute
active par l’équipe d’AUDEC
ainsi que le remboursement des
frais de transport.
Une fiche de médiation a été
envoyée à la maman de l’enfant,
dans le but d’entendre les deux
versions. La maman s’est alors
présentée au bureau de l’ONG
AUDEC accompagnée de son
frère et de sa grande sœur.
Malheureusement la médiation
n’a pas abouti.
Dossier en attente de
transfert à
l’Association des
Femmes Juristes
(AFJC) pour le suivi
juridique et garantir
la protection de
l’enfant.
2Deni de ressourcesJ’ai vécu pendant 15 ans de concubinage notoire avec le sieur, à
l’issu de cette relation nous avons eu 3 enfants dont deux filles et
1 garçon, au début de notre relation on vivait en parfais
harmonie, puis à moment donné il a décliné sa responsabilité
envers les enfants. Pour le moment je vends du maïs pour
subvenir aux besoins des enfants. Suite au départ de ce dernier.
J’ai été contrainte de regagner la maison familiale et c’est mon
frère qui me soutient de temps en temps à payer l’école des
enfants. Si aujourd’hui je peux avoir 50.000F j’irai acheter du
manioc afin de les revendre à la capitale, c’est ce que je faisais
avant mais pour le moment je me débrouille juste avec 15000F
comme capital.
Constat : Le mari et père des enfants se trouve actuellement en
province. La mère des enfants ne connait pas exactement où il se
trouve et n’a pas de contact téléphonique avec lui. Il est pour le
moment difficile de le localiser pour lui parler et trouver une
issue favorable au soutien matériel et financier envers ses
enfants.
La mère des enfants sollicite un soutien financier pour monter
une activité génératrice de revenu.
3Violences
physiques
avec
blessures
J’ai vécu 11 ans de concubinage notoire avec le sieur et nous
avons eu 3 enfants. Quand mon conjoint était tombé malade je lui
amené à l’hôpital pour faire son bilan médical. Au sortir de ses
résultats, il m’a caché qu’il était VIH positif. Il a été mis sous
traitement antirétroviraux et prenait ses médicaments en cachette.
Un jour j’ai découvert ses médicament et je ne savais pas que
c’était les antirétroviraux, je les ai emmené à l’une de mes sœurs
qui a pu lire pour me dire que c’était des médicaments pour le
traitement du VIH-SIDA. Quand mon mari a su que j’ai
découvert la vérité c’est de là qu’il m’a frappée jusqu’à me
blesser gravement.
Constat : La victime a urgemment besoin de soutien médical
(tests médicaux et traitements appropriés) ainsi que du soutien
psychologique.
Nous avons payé les frais de
transport de la survivante, elle
bénéficié d’un soutien
psychologique par rapport au
choc subi quand elle a appris que son mari était séropositif et sous
traitement.
La victime a été orientée et
transférée à l’AFJC pour une
prise en charge médicale et
juridique.
AUDEC continue de lui apporter
une assistance et un suivi
psychologique.
Le dossier a été
transféré au niveau
de l’AFJC. Elle a
déjà bénéficiée
d’une assistance médicale appropriée
(tests médicaux et
soins).
Le dossier juridique
est en cours de
préparation.
4Violences
physiques
avec
blessures &
Déni de
ressources
C’est suite à une discussion sur les besoins nutritionnels de notre
enfant de 6 mois que mon mari m’a agressé avec un outil
métallique sur la tête, au bras et certaines autres parties du corps.
Pour échapper au pire, je me suis refugiée chez une voisine qui
m’a alors amenée à l’hôpital pour les premiers soins. Après mon
retour à la maison, mon mari m’a encore menacée et m’a chassée
en disant qu’il ne veut plus me voir chez lui. Je n’ai pas de
famille à Bangui. Je n’ai nul part où aller, présentement je suis
provisoirement hébergée par ma voisine du quartier.
La victime a bénéficié d’un
accueil chaleureux, écoute, un
conseil juridique, les frais de
transport et un accompagnement
vers projet Nengo à
l’Association des Femmes
Juristes de Centrafrique(AFJC)
pour une prise en charge
holistique.
AUDEC continue de lui apporter
un soutien psychologique.
Le dossier est
transféré au projet
Nengo au niveau de
l’AFJC.
La victime a déjà
bénéficiée des
premiers soins
médicaux au niveau
de l’hôpital
communautaire.
Le dossier juridique
est en cours de
préparation.
Etat des cas des victimes suivis par Audec